Camille Laforcenée


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Cryptes est le deuxième numéro de la revue l’Esprit Tranquille,
éditée par les Presses Fantômes.


Il a pour thème la pénombre, les lieux enfouis et oubliés, les messages cryptés, le langage décortiqué, la typographie expérimentale et le féminisme.

J’y ai écrit et illustré un texte humoristique, emprunt d’ironie et d’un certain cynisme, je l’admet. Il s’agit de plaisanter en partant du principe que les genres des noms communs en français ne sont pas réellement aléatoires mais seraient attribués selon une certaine logique: celle des stéréotypes misogynes. 
J’utilise à dessein les arguments habituels misogynes, et en les attribuant à des objets inanimés je met en lumière leur absurdité et l’absence de fondement de ces idées.



Extrait:
 
“On dit UNE chaise et UN fauteuil. Pourquoi ? C’est très simple.

Les chaises sont changeantes, elles s’adaptent à nos besoins, se plient à nos envies. Elles sont légères et faciles à lever.

Le fauteuil quant à lui fait preuve d’une constance rassurante : il est confortable. Sa personnalité est cohérente et tranquille. Il est un point de repère dans nos intérieurs, et cela nous est salvateur tant les humeurs changeantes des chaises peuvent nous épuiser. On peut parfois pousser un fauteuil pour le déplacer mais une femme peut-elle le soulever ? Rien n’est moins sûr. Entre parenthèse, une femme peut pousser « à bout » ou « au crime passionnel » comme on le lit régulièrement dans la presse quotidienne régionale**.

On dit UNE lampe et UN luminaire. Pourquoi ? C’est très simple.

La lampe est efficace pour un usage simple. Au quotidien, elle remplit les fonctions basiques que nous attendons d’un éclairage. Elle fait preuve de discrétion, se fond dans le décor. Elle brille sans être le centre d’attention.

Les luminaires quant à eux sont à la fois fonctionnels et sophistiqués. Chacun explore une forme lumineuse de créativité. Leur design est élaboré, nécessite un savoir-faire. Ils sont les éléments centraux de nos intérieurs, ils nous réchauffent de leurs lumières, nous aident à élever nos esprits au-delà de nos besoins primaires.

Grâce aux objets, on voit se dessiner deux genres bien distincts. L’un s’occupe des éléments sereins, puissants et créatifs de l’univers, l’autre essaie de s’accommoder de la nature et de ses faiblesses.”





Illustrations  “L’épuisement” et “La violence” - Dessins numériques

Extrait:

“Pour terminer ce petit manuel, prenons l’exemple de mots presque synonymes, mais pas vraiment.

On dit LA fatigue et L’épuisement. Pourquoi ? C’est très simple.

Les hommes font tout mieux et plus fort que les femmes, c’est bien connu, c’est dans leur nature. C’est d’ailleurs le seul aspect naturel qu’ils reconnaissent porter en eux. Sinon ils aiment raconter qu’ils sont des « êtres de culture ». Bref, ils sont donc plus mieux en tout et même quand il s’agit de drainer toute l’énergie possible et imaginable d’un autre être vivant. Une femme peut être fatigante mais les hommes sont épuisants. Ils ne laisseront rien derrière eux, ils viennent pour tout brûler. S’il vous reste une once d’énergie pour vous reconstruire, c’est UNE erreur de leur part, pardon UN hasard. Un hasard malencontreux. On dit l’épuisement (nom commun masculin) parce que les hommes ne font pas les choses à moitié. Etre fatigué, c’est naturel, commun, banal. Etre épuisé demande un travail, un effort, un engagement dans l’entreprise de briser l’énergie vitale d’une personne. Et ça, c’est définitivement un travail d’homme.”



Cryptes is the second issue of the journal l’Esprit Tranquille, published by Presses Fantômes. Its theme is darkness, buried and forgotten places, encrypted messages, dissected language, experimental typography and feminism.



I wrote and illustrated a humorous text, imbued with irony and a certain cynicism, I admit. This is a joke based on the principle that the genders of common nouns in French are not really random but are assigned according to a certain logic: that of misogynistic stereotypes. I purposely use the usual misogynistic arguments, and by attributing them to inanimate objects I highlight their absurdity and the lack of foundation of these ideas.

This will look very weird to english readers because noun are neutral in english, but if you wanna try to read an extract, try to image the chair is female and the armchair is male... 


“We say Une chair and Un armchair. For what ? It is very simple.

The chairs are changing, they adapt to our needs, bend to our desires. They are light and easy to lift. The chair as for shows him reassuring consistency: he is comfortable. His personality is consistent and calm. He is a point of reference in our interiors, and this is saving us. The changing moods of chairs can exhaust us so much. We can sometimes push a chair to move it but a woman can she lift it? Nothing is less sure. Between parenthesis, a woman can push "to the end" or "to the crime of passion” as we regularly read in the press.

We say Une lamp and Un light fixture. For what ? It is very simple.

The lamp is effective for simple use. On a daily basis, she fulfills the basic functions that we expect from lighting. She does proof of discretion, blends into the decor. She shines without being the center of attention.

The lighting fixtures are both functional and sophisticated. Everyone explores a luminous form of creativity. Their design is elaborate, requires know-how. They are the central elements of our interiors, they warm us with their lights, help us to elevate our minds beyond our basic needs.

Thanks to the objects, we see two very distinct genders emerging. One takes care of serene, powerful and creative elements of the universe, the other tries to accommodate nature and its weaknesses.”